Après 18 mois de service ,le ministre Abdou Karim Fofana quitte le ministère du commerce ,de la consommation et des petites et moyennes entreprises avec un discours plein d’enseignements et de résultats .
ICI L’INTÉGRITÉ DU DISCOURS DE DÉPART DU MINISTÈRE ABOU KARIM FOFANA
– Monsieur le Ministre du Commerce et de l’Industrie
– Monsieur le Secrétaire d’Etat aux PME – PMI
– Monsieur le Secrétaire Général
– Messieurs les Directeurs de Cabinet
– Mesdames, Messieurs les Conseillers techniques
– Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux, Directeurs et Chefs de services
– Mesdames, Messieurs les agents et invités ici présents en vos rangs, qualités et titres
La cérémonie qui nous réunit, ce jour, s’inscrit dans une tradition nationale bien établie.
En effet, depuis quelques années, j’ai eu l’honneur de sacrifier, à plusieurs reprises, à ce rituel républicain.
Et comme je l’ai rappelé à chacune de ces occasions, je réitère qu’il est des moments en République où l’heure vient de se dire au revoir, de passer le témoin, et d’aller œuvrer ailleurs au service de la nation.
De pareils moments, nous les voulons le moins récurrents possible. Car toute séparation est un déchirement. Et lorsque l’on quitte un département ministériel, on quitte aussi une famille.
Seulement, de tels moments sont incontournables dans une démocratie rythmée par des alternances pacifiques comme celle que nous venons de vivre ; dans un pays qui marche d’un pas alerte vers le progrès.
Aussi, la nature même d’une démocratie vivante et d’un système de gouvernance efficace veut que les hommes passent et que demeurent les institutions. Ainsi va la vie en République.
Toutefois, le fait de savoir cet exercice normal n’endigue en rien la montée, en moi, d’un flot de sentiments. Ils sont à la fois émus et joyeux.
Dès lors, entre ma confiance en l’avenir rayonnant du secteur et ma nostalgie, déjà, de la « famille Commerce », un sentiment surplombe tous les autres : celui du devoir accompli.
A ce stade de mon propos, je voudrais rendre un hommage appuyé au Président Macky Sall pour m’avoir donné l’occasion de servir mon pays dans les sphères les plus élevées.
Il est toujours embarrassant de parler de soi. Mais, heureusement, ici, il ne s’agit pas de moi mais d’un « nous » qui renferme toutes les compétences dont la contribution a été nécessaire à la réussite de notre mission.
Mesdames, Messieurs
En dix-huit (18) mois, nous nous sommes attachés, mes équipes et moi-même, à revivifier un secteur stratégique dans le grand dessein du progrès économique et social de notre pays.
En effet et pour rappel, à l’issue du Conseil présidentiel consacré à la lutte contre la vie chère, tenu le 05 novembre 2022, d’importantes mesures avaient été prises par le Président Macky Sall pour des baisses immédiates sur les denrées de première consommation.
Ainsi, le soutien au pouvoir d’achat des ménages fut effectif à travers des subventions d’un montant de 1600 milliards FCFA sur deux exercices, entre 2022 et 2023, axées notamment sur :
– le carburant à hauteur de 300 milliards de FCFA ;
– les produits alimentaires pour 150 milliards de renonciations fiscales et douanières ;
– les salaires des fonctionnaires avec 150 milliards de renonciations fiscales provoquant une augmentation du pouvoir d’achat des agents de l’Etat.
Rien qu’en 2022 notre pays a mobilisé plus de 6% de son PIB pour face à l’inflation qui était de 9,5% et est passée depuis à 3,5%.
A la suite des concertations sur la vie chère, 100 milliards de FCFA de subventions et de renonciations fiscales ou douanières ont encore été injectés sur de nouvelles mesures sur le sucre, le riz, l’huile.
Par ailleurs, avant la crise internationale liée à la Covid19 et au conflit russo-ukrainien, l’essentiel des prix des denrées avaient été maitrisés sur les huit (8) années précédentes, entre 2012 et 2020.
A partir de l’apparition de la crise, les actions entreprises ont permis d’agir sur les produits sous administration et de les maintenir à des niveaux moins élevés que dans la plupart des pays de la sous-région.
Aussi, nous pouvons donner quelques exemples d’impact sur le coût des produits avec :
✔ Le pain
– Pour lequel, sans l’intervention de l’Etat, une baguette aurait coûté 325 francs. Elle coute 175 francs parce que l’Etat met des subventions sur le sac de farine.
– Le prix réel du sac de farine, avec l’inflation liée à des causes externes, est de 29.000 francs. Il est vendu à 19.000 francs parce qu’il y a une subvention de 10.000 francs par sac consenti par l’Etat.
– Ramenée au prix de la baguette c’est 150 francs de subvention sur 325 francs ce qui permet aux consommateurs d’acheter la baguette à 175 francs.
✔ Le riz brisé ordinaire
– Pour lequel le kg qui coûte 375 francs au consommateur aurait coûté 500 francs sans l’intervention de l’Etat.
– Une diminution de 125 francs au kg dont 25 francs de subvention directe et 100 francs de renonciation fiscale est ainsi pratiquée sur cette denrée.
– Son prix était d’ailleurs de 325 francs le kgen 2022 et 2023. C’est la conjoncture internationale qui l’a propulsé dans une fourchette entre 375 et 380 francs au lieu de 325 après subvention.
✔ Les hydrocarbures
– Pour lesquelles, lorsque vous payez le litre de gasoil à 750 francs c’est parce que l’Etat a pris en charge pour vous 200 ou 300 francs.
– Et quand vous achetez la bonbonne de gaz à 2885 francs, l’Etat a pris en charge 1400 francs pour arriver à ce prix de revient au consommateur.
Il faut ainsi noter, pour encore illustrer les efforts qui ont été fait par l’Etat du Sénégal et le Président Macky Sall, que dans la sous-région, notre pays pratique les prix les moins élevés pour ce qui concerne le fer à béton, le ciment, le riz brisé ordinaire, le sucre. Le seul produit sous administration plus cher chez nous que chez certains de nos voisins est l’huile de palme. La raison est que les pays en question le produisent sur leur territoire.
En effet, lorsque la tonne de ciment est à 90.000 francs CFA à Abidjan, 110.000 à Bobo Dioulasso, 88.000 à Bamako, elle est à 74.000francs à Dakar.
Quand le kg de sucre est à 750 francs à Abidjan, 700 à Bamako, il est à 650 francs à Dakar.
Quand le riz brisé ordinaire est, par exemple, à 400 francs à Dakar, il est à 450 francs à Abidjan.
Tout cela montre les efforts très importants faits pour soulager les ménages et améliorer le pouvoir d’achat. Je suis convaincu que, dans l’intérêt de tous, ces efforts seront poursuivis.
Mesdames, Messieurs
Dans la continuité des mesures prises en concertation étroite avec les commerçants et les consommateurs, nous avons mieux régulé et diminué les prix du loyer.
Nous avons aussi procédé au recrutement de 1000 volontaires de la consommation pour renforcer la surveillance du marché et le contrôle des prix. Ce recrutement exceptionnel tend à faire passer le ratio agent/commerce à 1/100 au lieu 1/500 et le ratio visites/jours de 1 visite/33 jours à un ratio 1 visite /7 jours.
Nous avons encore travaillé à rendre cette présence physique sur le terrain beaucoup plus efficace par la dotation en moyens logistiques, la modernisation des services, la revalorisation salariale, la mise en place d’une plateforme digitale centralisée de collecte, de traitement de l’information, de surveillance du marché et des détaillants en particulier.
Il s’agit d’une plateforme collaborative qui interconnecte tous les acteurs du marché intérieur et repose sur un système intégré de contrôle des prix accessible sur différents supports web et mobiles.
La protection du commerçant et du consommateur a constitué un pilier central de notre stratégie.
Nous vous exhortons, Monsieur le Ministre, à ne ménager aucun effort pour poursuivre sur cette lancée.
Il en va de même pour :
– la poursuite de la stratégie de production et de consommer local qui nous a valu beaucoup de satisfactions notamment en ce qui concerne les produits horticoles ;
– l’investissement dans des unités de stockage pour mieux conserver la production locale et diminuer les importations ;
– la défense des entreprises commerciales et des industries alimentaires ou biscuitières par l’interdiction des importations et la hausse des taxes à l’importation sur certains produits ainsi que l’interdiction des exportations de certaines matières premières comme la ferraille utilisée dans notre industrie métallurgique ;
– le renforcement de la spécialisation des services ;
– le renforcement de la formalisation et du soutien aux PME, acteurs majoritaires du tissu économique de notre pays avec un taux de 99,8%.
Monsieur le Ministre
Vous arrivez dans un département ministériel où les urgences vous assaillent et souvent ralentissent la cadence des réformes structurelles nécessaires.
L’occasion qui m’est offerte ici de vous souhaiter de faire mieux, au bénéfice de nos concitoyens, est aussi celle qui me permet de réitérer, à chacun parmi les femmes et les hommes valeureux ayant accompagné notre action, ma satisfaction pour le travail abattu.
Partagé entre la crainte de trop en dire et celle de ne pas en dire assez, je me contenterai, à leur endroit, d’un grand « Merci ».
Merci pour votre engagement, votre dévouement inébranlable à la tâche, la passion contagieuse et l’exemplarité que vous mettez à l’ouvrage.
Toutes les réalisations rappelées, et d’autres avancées qu’il serait fastidieux d’énumérer, n’auraient pas été possibles sans vos contributions de qualité, chacun en ce qui le concerne, et dans un élan patriotique.
Monsieur le Ministre, cher ami, le mot « ami » n’est pas convenu et utilisé seulement pour la circonstance car vous et moi savons que nos relations transcendent les clivages et les vicissitudes politiques.
Elles ne sont non plus seulement professionnelles mais se sont étendues à nos parentèles proches.
Parce que je vous connais, que je connais votre professionnalisme et votre envie de faire bouger les choses, je suis rassuré.
Car durant plusieurs années, j’ai partagé avec vous beaucoup de réflexions et me suis nourri de votre expérience ainsi que votre riche parcours sur le plan international.
Avec votre profil, votre expertise reconnue dans le secteur de l’industrie et de l’agroalimentaire, le ministère est entre de bonnes mains.
Et entre ces mains, je laisse cette belle maison en vous confiant ma famille.
Prenez soin de ces hommes et femmes. Soyez le général exigeant mais bienveillant de cette armée de petites mains et de grands esprits.
Ils vous aideront à bien travailler. En eux, vous trouverez le point d’appui permettant de relever les plus grands défis.
Aux membres de cette famille que nous sommes devenus, je dirai la chose suivante : ceci n’est pas un adieu car, aujourd’hui et pour toujours, je suis des vôtres.
Et pour finir, je reparlerais, un peu, de la République.
Celle que nous avons étreinte, peut-être même jusqu’à parfois paraître l’étouffer, mais de peur seulement qu’elle ne s’abîme face aux assauts incessants.
Celle que nous avons préservée avec honneur et courage pour que le legs qui nous avait été transmis ne se défasse.
Celle dont nous vous transmettons un bout drapé de ces mots qui, depuis le premier jour, ont guidé nos pas, nos actes et nos paroles : la République Monsieur le Ministre, toute la République, rien que la République.
Dalal ak jamm M. le Ministre.
Je vous remercie.