Alors que les cas de viols et d’inceste continuent de hanter le quotidien de nombreuses Sénégalaises, le Task Force sur les droits à la santé de la reproduction intensifie son plaidoyer pour une réforme légale. À l’occasion d’un déjeuner de presse, Mme Aissatou Ndiaye, coordonnatrice du collectif, a interpellé les professionnels des médias sur leur rôle clé dans la dissémination d’une information juste et humaine. L’objectif est d’offrir une réponse juridique, sanitaire et éthique aux femmes victimes de violences sexuelles en promouvant l’accès à l’avortement médicalisé, tel que prévu par le protocole de Maputo que le Sénégal a ratifié sans réserve.
Le Task Force sur la santé de la reproduction des femmes et des filles a réuni le mardi dernier, les professionnels des médias sénégalais autour d’un déjeuner de presse crucial visant à approfondir le dialogue sur la question de l’avortement médicalisé dans des cas spécifiques de violences sexuelles. Coordonnée par Mme Aissatou Ndiaye, cette rencontre marque un pas déterminant dans la lutte contre les avortements clandestins et la stigmatisation des victimes de viol et d’inceste.
Un plaidoyer fondé sur les droits humains et les engagements internationaux
La législation sénégalaise en matière d’avortement reste parmi les plus restrictives au monde, n’autorisant l’interruption de grossesse qu’en cas de danger avéré pour la vie de la mère. Pourtant, depuis 2005, le Sénégal a ratifié sans réserve le Protocole de Maputo, qui reconnaît le droit des femmes à un avortement médicalisé en cas de viol, d’inceste, ou de risque grave pour leur santé mentale et physique.
Mme Ndiaye a tenu à rappeler qu’« il ne s’agit pas d’une IVG généralisée, mais d’une autorisation spéciale et ciblée, en conformité avec les engagements internationaux du pays. Le plaidoyer est un moyen de corriger une injustice juridique et sociale, tout en sauvegardant les droits fondamentaux des femmes et des filles. »
Des données alarmantes, une urgence humanitaire
Selon des rapports récents, 16% des femmes incarcérées au Sénégal le sont pour infanticide et 3% pour avortement illégal. La précarité, l’impunité des auteurs d’agressions sexuelles et la faible accessibilité à la contraception renforcent ce recours dramatique à des pratiques dangereuses, parfois mortelles. Le plaidoyer de la Task Force vise à briser ce cercle vicieux en renforçant l’accès à une information fiable et à des soins adaptés.
L’un des résultats attendus de cette rencontre est que les journalistes se saisissent de cette cause pour un traitement éthique, rigoureux et bien documenté. Mme Ndiaye insiste : « Nous attendons des médias qu’ils diffusent la bonne information, qu’ils contribuent à sensibiliser toutes les couches de la population et qu’ils produisent des contenus rédactionnels sur ce sujet souvent mal compris. »
Pour cela, des formations sur les droits humains, la santé reproductive et l’environnement juridique sénégalais sont envisagées, afin de doter les médias des outils nécessaires à un travail de qualité.
Ce plaidoyer repose aussi sur l’harmonisation du discours : utiliser les mêmes éléments de langage pour garantir une compréhension partagée et cohérente. Car comme le souligne Mme Ndiaye, « la communication est la base. Tout le monde est concerné par ces violences. Il faut que chaque acteur des médias, prestataires de santé, communautés, décideurs se mobilise pour porter ce combat. »
MMS