Sénégal ,un collectif de 100 citoyens Bissau-Guinéens, interpelle Macky Sall sur la persécution opposants
Comme beaucoup de pays dans le monde, la République du Sénégal s’est proclamée État de droit démocratique, en consequence, le respect des droits de l’homme est donc une obligation pour tous, en particulier pour les institutions de l’État. La République du Sénégal est également signataire de plusieurs Conventions Internationales qui garantissent des libertés essentielles à tous les citoyens, notamment la liberté de presse, de réunion, d’expression, de mouvement, d’opposition démocratique, entre autres.
Les mêmes instruments internationaux recommandent une administration de la justice libre, indépendante, objective et transparente.
Malheureusement, la République sœur du Sénégal, sous votre direction, a connu des moments sombres dominés par des épisodes de violence sans précédent dans son histoire d’État réputé pour une tradition démocratique distinguée. D’une image de pays modèle de coexistence pacifique, le Sénégal est venu à porter le manteau d’un pays divorcé du respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
Au cours des onze dernières années, le peuple sénégalais a été menacé par votre régime pour son insensibilité manifeste aux principes structurants de la démocratie et de l’État de droit, à travers de la persécution des opposants politiques et des voix dissidents.
Excellence Monsieur le Président !
Pour mieux exposer de manière explicite les violations systématiques des droits de l’homme perpétrées par votre régime, permettez-nous de citer à titre d’exemple les faits suivants :
a) L’instrumentalisation de la justice pour l’élimination politique des opposants politiques dont Khalifa Sall et Karim Wade ont été les premières victimes ;
b) La persécution permanente du chef de l’opposition Ousmane Sonko et d’autres responsables de son parti, dont le crime n’était que d’exercer les droits civils et politiques qui leur sont garantis par la constitution Sénégalaise ;
c) La condamnation successive d’Ousmane Sonko dans plusieurs affaires judiciaires politiquement manipulées, dans le but de décapiter son parti politique et par conséquent de l’écarter de la course aux élections présidentielles de Février 2024 ;
d) La récente détention illégale, abusive et arbitraire d’Ousmane Sonko sur des accusations ridicules de plusieurs crimes graves, et contraint à une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement, aboutissant à son hospitalisation ;
e) La dissolution illégale, arbitraire et tyrannique du PASTEF, le parti de M. Ousmane Sonko, par le Decret du Ministre de l’Intérieur, sans aucune procédure judiciaire préalable ;
f) La persécution, et détention abusive, illégale et arbitraire de plusieurs journalistes indépendants, dont M. Pape Alé Niang, qui n’a été libéré qu’après une grève de la faim qui a conduit à une nouvelle hospitalisation dans un état jugé critique;
g) La détention arbitraire et abusive de certains avocats d’Ousmane et d’autres prisonniers politiques, en violation flagrante du leur droit à une défense adéquate;
h) La répression brutale des manifestants, qui s’est soldée à plusieurs reprises par la mort de dizaines de jeunes, sans que des enquêtes judiciaires soient ouvertes pour éclaircir les circonstances qui ont conduit à ces graves incidents.;
i) Persécution et l’arrestation des différents présidents de communes dans le but d’intimider les opposants et d’instaurer un régime dictatorial au Sénégal ;
j) Détention abusive et arbitraire d’un millier de personnes, dont des jeunes, , des responsables du PASTEF, des membres de la Coalition Yewwi Askan Wi, des journalistes, des avocats, des commentateurs, et bien d’autres;
k) Restriction d’accès à Internet et et la suspension des réseaux sociaux, afin d’empêcher les citoyens d’accéder aux informations sur les terribles événements qui se déroulent au pays;
l) Interdiction systématique des libertés de manifestation, de réunion et de circulation en violation flagrante de la constitution Sénégalaise et des engagements internationaux découlant des traités et conventions internationaux signés et ratifiés par l’Etat Sénégalais ;
Excellence, Monsieur le Président,
La liste des actes illégaux contre les principes démocratiques et de l’Etat de droit perpétrés par son régime autoritaire est longue et ne vise qu’à éliminer les opposants politiques, à réduire l’espace civique aux defenseurs des droits de l’homme et à se perpétuer au pouvoir à travers des marionnettes guidées par le cartel des néo-colonialistes dont les privilèges sont plus que jamais menacés par la révolution populaire menée par Ousmane Sonko.
Au regard des faits exposés ci-dessus et compte tenu des risques de dégénérescence et des conséquences qui peuvent découler de la persistance sur cette voie solitaire de l’autoritarisme au Sénégal ainsi que de ses possibles répercussions contagieuses dans toute l’Afrique de l’Ouest, nous les Cent Citoyens Guinéens, de différentes sphères de la société, Activistes des Droits de l’Homme, Chercheurs, Journalistes, Avocats, Écrivains et Universitaires, nourris de sentiments et d’idéaux panafricanistes et conscients que les droits de l’homme sont des valeurs universelles qui transcendent les frontières des pays, demandons à Son Excellence de prendre les mesures suivantes :
1. La libération immédiate et inconditionnelle de M. Ousmane Sonko et de tous les prisonniers politiques arbitrairement détenus ;
2. Abrogation urgente du décret du ministre de l’Intérieur qui a ordonné la dissolution du PASTEF et l’appropriation illégale de ses actifs ;
3. L’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre les journalistes indépendants tels que Pape Alé Niang et les autres professionnels des médias arbitrairement détenus ;
4. L’arrêt immédiat de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ;
5. Le strict respect des engagements internationaux pris par l’Etat sénégalais en matière
de droits de l’homme, y compris l’exercice de l’opposition démocratique ;
6. Abandon de toutes les poursuites judiciaires engagées dans le seul but de persécuter
les opposants politiques et les voix dissidentes ;
7. Ouverture d’une enquête judiciaire transparente et concluante pour engager la
responsabilité pénale des auteurs moraux et matériels de morte des jeunes
manifestants ;
8. La cessation de tous les actes de répression policière contre les manifestants et le
rétablissement conséquent du libre exercice des libertés de manifestation, de réunion, de mouvement et d’expression ;
9. Rétablissement immédiat de l’internet et des réseaux sociaux permettant aux citoyens d’exercer librement leurs libertés ;
10. Le respect scrupuleux des prescriptions de la Constitution du Sénégal et des droits civils et politiques qu’elle consacre, afin d’assurer une participation politique égale de tous au processus électoral, condition indispensable pour garantir la paix au Sénégal ;
11. L’adoption de mesures politiques et législatives urgentes pour organiser des élections présidentielles inclusives, justes et transparentes avec la participation de tous les candidats déclarés, y compris M. Ousmane Sonko.
Nous espérons que vous accorderez l’attention nécessaire à ces demandes, démontrant ainsi votre engagement envers la préservation des valeurs démocratiques et des droits fondamentaux.
Collectif des Cent citoyens Bissau-Guinéens