
À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation 2025, célébrée ce jeudi 16 Octobre à Dakar, les autorités sénégalaises, la FAO et le Système des Nations Unies ont réaffirmé leur engagement commun en faveur de systèmes alimentaires durables, inclusifs et résilients. Trois interventions majeures ont marqué cette journée, portée par le thème mondial : « Main dans la main pour des aliments et un avenir meilleurs ». Les acteurs ont mis en lumière les enjeux cruciaux de la souveraineté alimentaire, de la coopération internationale et de la transformation des systèmes agroalimentaires.
Sous un ciel clair et une atmosphère conviviale, l’Esplanade de la Gare de Dakar s’est transformée en un espace de dialogue, de célébration et de dégustation. Cette édition 2025 revêtait un caractère particulier : elle marquait le 80ᵉanniversaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pilier historique de la lutte contre la faim dans le monde. Trois allocutions majeures ont rythmé la cérémonie officielle, incarnant la convergence des engagements nationaux, régionaux et multilatéraux.
En ouverture, Madame Bintia Stephen Tchicaya, Coordinatrice sous-régionale de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest et Représentante a.i. de la FAO au Sénégal, a rappelé avec force que « l’alimentation n’est pas un privilège. C’est un droit humain fondamental ». Elle a dénoncé les déséquilibres criants de notre époque : 733 millions de personnes souffrent encore de la faim, tandis qu’un tiers des aliments produits sont gaspillés et que l’obésité progresse. Face à cette crise systémique, elle a lancé un appel vibrant à la coopération intersectorielle et intergénérationnelle : « Aucun pays, aucune organisation, aucun individu ne peut agir seul. La transformation de nos systèmes alimentaires ne se fera qu’ensemble ». Elle a également mis en lumière les réalisations concrètes de la FAO au Sénégal depuis 1977 : soutien au LNERV devenu centre régional de référence, campagnes de vaccination du bétail, appui à l’ITA, lutte contre la désertification, et accompagnement de centaines de projets agricoles, halieutiques et institutionnels. « À travers cette journée de dégustation, nous célébrons 80 ans de solidarité, d’innovation et de transformation », a-t-elle conclu.
Une souveraineté alimentaire ancrée dans les terroirs
Madame Aminata Maïga, Coordonnatrice résidente du Système des Nations Unies au Sénégal, a ensuite salué la créativité et la résilience des communautés rurales sénégalaises. « Aujourd’hui, nous célébrons avant tout les aliments de chez nous : le mil, le fonio, le niébé, le bissap, le moringa, le poisson, les fruits du terroir », a-t-elle déclaré avec fierté. Elle a souligné que ces produits ne sont pas de simples denrées, mais des symboles d’identité, de dignité et d’innovation. « Manger local, c’est un acte écologique et patriotique », a-t-elle affirmé, appelant à renforcer les chaînes de valeur locales, à promouvoir l’agroécologie et à soutenir les jeunes et les femmes entrepreneurs. Reprenant les mots du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres : « Nous avons les outils, les connaissances et les ressources pour mettre fin à la faim. Ce qu’il nous manque, c’est l’unité », elle a insisté sur la nécessité d’une action collective pour bâtir un avenir plus inclusif, équitable et résilient.
Une ambition nationale portée par l’État
Monsieur Ibrahima Diouck, Directeur de Cabinet du Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, a réaffirmé la volonté politique du Sénégal de faire de la souveraineté alimentaire un pilier stratégique. « Ce n’est pas un simple slogan ; c’est un plan d’action », a-t-il martelé. Il a détaillé les trois axes structurants de cette ambition :Produire plus : grâce à un budget agricole record et à la réception anticipée des intrants, notamment des milliers de tonnes d’urée. Moderniser et financer : en investissant dans l’hydro-agricole, la mécanisation et les coopératives agricoles communautaires (CAC). Valoriser et stocker : par la transformation locale, la chaîne du froid et la réduction des pertes post-récolte. Conscient des défis climatiques, il a mis en avant le Plan National d’Adaptation (PNA) pour une agriculture durable et résiliente. Il a également appelé à l’implication de tous : jeunes, femmes, partenaires techniques et financiers, et citoyens. « Le Sénégal doit être capable de se nourrir par lui-même, de créer des emplois décents pour sa jeunesse et de garantir la dignité de ses populations », a-t-il conclu. La cérémonie s’est achevée par une dégustation collective de mets locaux, dans une ambiance chaleureuse et festive. Plus qu’un moment de célébration, cette journée a été un manifeste vivant pour une alimentation souveraine, durable et solidaire. En unissant leurs voix et leurs forces, les acteurs publics, multilatéraux et citoyens ont réaffirmé une conviction partagée : la faim n’est pas une fatalité, et l’avenir se construit à partir de nos assiettes.
MMS