Ils sont venus de Dakar, Thiès, Fatick, Foudiougne, Bambey, Saint-Louis… pour dire que la poésie n’est pas un luxe, mais une nécessité. À Saly, la 6ème édition du Collectif Parlons Poésie a prouvé que les jeunes auteurs, slameurs et penseurs peuvent faire bouger les lignes, éveiller les esprits et bâtir une société plus juste à travers le pouvoir du mot.
Dans une atmosphère vibrante et fraternelle, la 6ème édition de la Rencontre Littéraire du Collectif Parlons Poésie s’est tenue à Saly, station balnéaire devenue le temps d’un week-end le cœur battant de la poésie sénégalaise. Venus de Dakar, Thiès, Fatick, Foudiougne, Saint-Louis, Bambey, Kaolack et Ziguinchor, les participants ont répondu à l’appel du verbe, de la mémoire et de l’engagement. L’événement s’est ouvert sur une note émotive avec un hommage rendu à Al Faruq, figure emblématique du collectif disparu il y a cinq ans jour pour jour. Sa mémoire a été honorée à travers des lectures de ses textes, des témoignages poignants et l’annonce d’un projet de publication posthume de son recueil de poésie. « Ne pas publier ses textes serait manquer le plus grand hommage que nous puissions lui rendre », a déclaré un membre du collectif, visiblement ému. Dans une intervention passionnée, MourSèye, président du collectif, a galvanisé l’assemblée en appelant à l’audace et à la solidarité. Il a rappelé que les grands mouvements littéraires ont souvent été initiés par des jeunes, citant Hugo, Césaire et Senghor comme exemples inspirants. « Ce que nous réalisons ici à Saly est extraordinaire. Ce n’est pas un simple dîner de gala, c’est une œuvre collective, un acte de foi en la littérature sénégalaise », a-t-il martelé. Mour Sèye a également plaidé pour une présence accrue du collectif sur les réseaux sociaux, qu’il considère comme un outil stratégique de visibilité. Il a évoqué des projets ambitieux : création d’un siège à Dakar, lancement du Prix Brèvois Sale, et développement d’une maison d’édition axée sur la qualité littéraire.
Fara Ndiaye : La poésie comme instrument de conscience
Fara Ndiaye, fondateur du collectif, a livré une conférence magistrale sur le thème de cette édition : La poésie au service de la société. Pour lui, la poésie ne se limite pas à la musicalité des mots, elle est un vecteur de justice cognitive et sociale. « La poésie est un art qui traduit les émotions les plus profondes et les idées les plus universelles. Elle doit éveiller, instruire et parfois libérer », a-t-il affirmé. Il a également souligné l’importance de la poésie orale et spirituelle dans les traditions africaines, citant les derviches tourneurs, Cheikh Ahmadou Bamba, Rûmî et Ibn Arabi. « La poésie est aussi une quête de soi, une voie vers le divin », a-t-il ajouté, invitant les jeunes à s’approprier cet héritage pour mieux servir leur communauté.Outre les conférences, l’événement a été ponctué par des ateliers d’écriture, des performances de slam et des échanges en langues nationales telles que le wolof, le pulaar, le sérère et le soninké. Cette diversité linguistique a été saluée comme une richesse à valoriser dans les futures productions du collectif.La 6ème édition du Collectif Parlons Poésie a confirmé la vitalité d’un mouvement littéraire jeune, engagé et résolument tourné vers l’avenir. À travers des projets concrets, une vision inclusive et une passion partagée, le collectif s’impose comme un acteur incontournable de la scène culturelle sénégalaise. Le rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition, avec l’espoir que la poésie continue de faire vibrer les consciences et d’éclairer les chemins de la société.