Le ministre du budget et des finances, Mamadou Moustapha Bâ ancien étudiant d’ESEA retrouve les portes de cette institution qui a contribué à sa formation.
Ce Vendredi 26 ,il a été choisi pour prononcer la leçon inaugurale de l’institution sous le thème : « Rôle de la Planification dans le processus de Développement : l’exemple du PS ».
Abordant le thème ,le ministre des du budget et des finances a déclaré que :Planifier, c’est tenter d’orienter l’évolution des sociétés et des espaces vers des horizons pensés comme meilleurs que la situation antérieure ou présente. Cela conduit à rechercher la maîtrise sur l’essentiel des facteurs déterminants dans les évolutions voulues ».
Ainsi ,citant l’exemple patant du référentiel unique de gouvernance du Sénégal d’ici à 20235, dont il a contribué à l’élaboration il a soutenu : « Le Plan Sénégal Emergent (PSE), que j’ai contribué à élaborer et que je vous propose comme exemple, n’a pas échappé à cette exigence ».
Le ministre a fait un bref rappel historique de l’évolution de la planification au Sénégal.
« Le transfert en 1960 par la République Française à chacun des territoires qui composaient l’ancienne A.O.F. des compétences comme celles qu’elle exerçait encore, notamment en matière de défense nationale et de relations extérieures, marque la dernière étape du chemin qui menait ces territoires à l’indépendance complète.Ainsi, est apparue très vite la nécessité de procéder à des inventaires des ressources et des moyens de production en vue d’organiser l’appareil économique en fonction de la nouvelle situation créée par l’indépendance. Ces inventaires ont naturellement débouché sur l’élaboration de plans de développement », a-t-il fait constater.
« Le Sénégal a été le premier en date en A.O.F. à engager la réalisation d’une étude parue à la mi-1960 et qui a servi d’élément de base pour l’élaboration du premier plan quadriennal de développement 1961-1964 devenue loi le 08 mai 1961 », a -t-il précisé.
« Ce plan formule ses objectifs et organise l’économie en prenant comme référence les travaux de comptabilité économique réalisés par le service statistique en 1959, complétés la même année par des enquêtes démographique et agricole et une enquête de consommation en milieu africain à Dakar » a indiqué le ministre ,Mamadou Moustapha Bâ.
C’est ainsi qu’au lendemain des indépendances, la gestion de l’économie incombait quasi exclusivement à l’Etat au regard de l’immensité des insuffisances et des contraintes structurelles, mais aussi de sa fonction principale d’assurer et de promouvoir le développement économique et social. La planification fut adoptée et des plans furent lancés. La stratégie de développement relevée dans les plans successifs visait la réalisation à moyen et long termes d’une économie nationale diversifiée, à croissance forte et soutenue, d’une agriculture dynamique et d’un tissu industriel pouvant satisfaire les besoins internes, mais aussi la demande régionale, d’une amélioration des conditions de vie des populations et d’une répartition plus équitable du revenu national », a-t-il expliqué.
Le ministre du budget et des finances,Mamadou Moustapha Bâ, s’exprimant sur les premiers plans adoptés par le Sénégal après les indépendance a souligné que « les sept (7) premiers plans(élaborés par le Sénégal ont été élaborés et mis en œuvre selon cette optique ».
Au cours de la décennie 1970 , confrontée à la vulnérabilité accrue de l’économie et aux difficultés de la prévision économique dans un environnement devenu plus aléatoire, dépendante du recours généralisé aux ressources extérieures pour financer l’investissement, sevrée de données statistiques suffisamment fiables et récentes, mais aussi prisonnière de procédures assez lourdes et formelles, la planification rigide s’est avérée de moins en moins bien armée pour mettre en œuvre une stratégie de réaction aux aléas et pour programmer les investissements jusqu’au terme du plan », a souligné le ministre.
Dans la même lancée,il a relevé les difficultés auxquels le PLAN été confronté : « l’une des faiblesses majeures du Plan était le lien ténu entre le Plan et le Budget. « Cette faiblesse découlait à la fois de la réduction des ressources budgétaires allouées à l’investissement public, des carences constatées dans l’évaluation et la sélection des projets lors de l’élaboration du Plan et de la difficulté de programmer les projets à un horizon de cinq ans », fait -t-il savoir .
Face à un tel blocage, « Il devenait alors urgent de repenser le système de planification afin de mieux l’adapter au contexte mouvant de l’environnement économique et financier mondial. Les bases de cette réflexion furent établies en 1987. Il s’est agi de se fonder sur les enseignements du diagnostic porté par l’évaluation du système, alors en vigueur, pour combler les lacunes constatées, conforter les acquis et surmonter les problèmes posés par la duplication des procédures et des documents de la planification »s’est-t-il exprimé.
C’est à l’issue de cette réfonte que le « Système National de Planification ai adopté en 1987 a été bâti autour de trois instruments complémentaires que sont :
– une étude prospective sur la société sénégalaise et son environnement, naturel et international , afin de guider les choix stratégiques des Plans d’orientation à moyen terme ;
– une loi-plan d’orientation économique et sociale, révisable à mi-parcours, fixant les stratégies à mettre en œuvre et les objectifs intermédiaires à atteindre à moyen et à long terme par le Gouvernement et qui fournit les critères et les repères pour la sélection et la programmation des projets et actions publics;
– Une loi-programme triennale d’investissement et d’actions publics, ajustable annuellement, dont la partie exécutoire forme le budget consolidé d’investissements, intégrée dans la loi de finances », a indiqué le ministre , Mamadou Moustapha Bâ qui a précisé que :
« La persistance de certaines carences constatées au cours de sa mise en œuvre associée aux évolutions fulgurantes de l’environnement international ont mis à jour des contraintes structurelles qui ont amoindri l’effet attendu de ce Système National de Planification », selon le ministre.
Ainsi avec le PSE, dont l’ambition est de mener le Sénégal à l’émergence, « le scénario optimiste qui postule l’«émergence dans la solidarité et État de droit» nécessite une nouvelle démarche sur le plan de la gouvernance. Une nouvelle vision de la politique devrait accompagner le développement économique des terroirs. Les mentalités devraient aussi s’adapter à la nouvelle configuration sociétale grâce à un système éducatif rénové et fondé sur des compétences pour la transformation »,a dit le ministre Mamadou Moustapha Bâ.
« Cette aspiration à un mieux-être s’est déclinée en une vision qui est celle d’«Un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un État de droit», a rappelé le ministre,Mamadou Moustapha Bâ.
Les orientations stratégiques qui guideront les initiatives à prendre pour traduire cette vision en actions et résultats tangibles pour le bénéfice des populations, s’appuient sur trois axes , fait -il constater.
• AXE 1. La transformation structurelle de l’économie à travers la consolidation des moteurs actuels de la croissance et le développement de nouveaux secteurs créateurs de richesses, d’emplois, d’inclusion sociale et à forte capacité d’exportation et d’attraction d’investissements. Cet axe s’inscrit dans une option de développement plus équilibré, de promotion de terroirs et des pôles économiques viables afin de stimuler le potentiel de développement sur l’ensemble du territoire ;
• AXE 2. La promotion du capital humain, passant par une amélioration significative des conditions de vie des populations, une lutte plus soutenue contre les inégalités sociales tout en préservant la base de ressources et en favorisant l’émergence de territoires viables.
• AXE 3. La bonne gouvernance pour le renforcement de la sécurité et de la stabilité, la protection des droits et libertés, la consolidation de l’État de droit et la préservation de la paix sociale, » a précisé le ministre.
Les trois axes de la Stratégie permettront, par leurs synergies et leurs effets convergents et cumulatifs, de créer les conditions de l’émergence », a tenu à souligné le ministre dans sa leçon inaugurale.
Selon le ministre « La réalisation des objectifs du PSE requiert la réunion de conditions préalables ou fondements de l’émergence, liées au règlement de la question vitale de l’énergie, à la mise en place d’infrastructures de dernière génération pour le soutien à la production, à l’amélioration de l’environnement des affaires, au renforcement du capital humain ainsi qu’à la satisfaction des besoins de financement de l’économie. La réussite du PSE exige de fortes capacités d’impulsion de l’État et un leadership affirmé.
C’est pourquoi signale -t-il , le Gouvernement « a engagé un programme accéléré de réformes pour la modernisation de l’Administration publique pour l’adapter aux exigences de performance induites par la Stratégie »avant de précisé que : « le PSE est réalisé à travers un Plan d’Actions prioritaires (PAP) quinquennal adossé aux axes stratégiques, aux objectifs sectoriels et aux lignes d’actions de la Stratégie. Le PAP 1 s’est décliné à travers des projets et programmes de développement inscrits dans un cadre budgétaire sur la période 2014-2018 ».
« Le cadre institutionnel permettant la mise en œuvre du PSE comprend : un Comité d’Orientation stratégique (COS), placé sous l’autorité du Président de la République, un Comité de Pilotage (COP) présidé par le Premier Ministre, un Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (BOSSE) ainsi que des structures d’exécution », a -t-il rappelé.
AKD