Résolution du congrès du Syndicat des Travailleurs des Industries Alimentaires
Préambule
Considérant le rôle crucial du secteur des industries alimentaires dans l’économie sénégalaise et la nécessité d’assurer des conditions de travail décentes et justes pour tous les travailleurs ;
Conscient des défis persistants auxquels sont confrontés les travailleurs du secteur, notamment en matière de salaires, de sécurité de l’emploi, de santé et de sécurité au travail, et de respect des libertés syndicales ;
Reconnaissant l’impact croissant de l’innovation technologique sur les modes de production, les emplois et les compétences dans les industries alimentaires sénégalaises, et la nécessité d’anticiper et d’accompagner cette transformation pour le bénéfice de tous les travailleurs ;
Reconnaissant l’importance de renforcer l’unité, la solidarité et la représentativité du STIA pour mieux défendre les intérêts de ses membres et promouvoir un dialogue social constructif ;
Soulignant la nécessité d’impliquer davantage toutes les catégories de travailleurs, en particulier les jeunes et femmes, dans la vie et la prise de décision syndicales ;
Le syndicat des Travailleurs des Industries Alimentaires, réuni en congrès, adopte la présente résolution.
I/ Activités Pré-Congrès : Renouvellement des instances jeunes et femmes
Objectifs :
– Renforcer la participation et la représentation des jeunes et des femmes au sein du STIA
– Identifier et former de nouveaux leaders syndicaux parmi ces catégories.
– Prendre en compte les préoccupations spécifiques des jeunes et des femmes dans les revendications syndicales.
Actions :
1. Sensibilisation et mobilisation à travers l’organisation de réunions d’information pour expliquer l’importance du renouvellement des instances des jeunes et des femmes.
2. Identification de potentiels candidats et candidates
3. Tenue des assemblées générales spécifiques pour le renouvellement des bureaux des jeunes et des femmes en respectant les principes de la démocratie.
II/ Orientations Stratégiques Générales du STIA
Le congrès s’engage à :
1- Renforcement de la négociation collective et des conditions de travail :
. Revendiquer des augmentations de salaires significatives et l’amélioration des primes et avantages sociaux, en tenant compte de l’inflation et du cout de la vie.
. Lutter pour l’amélioration des conditions de travail, la réduction de la précarité et de l’emploi (CDD abusifs, intérim non réglementé) la régularisation des ayants droit aux CDI.
. Exiger l’application stricte des normes de santé et de sécurité au travail, avec des inspections régulières et des sanctions en cas de non-conformité.
. Défendre le respect de la liberté syndicale, du droit de grève et la protection des délégués du personnel contre toute forme de répression ou de discrimination.
2- Protection sociale et Solidarité
. Exiger une meilleure couverture sociale pour tous les travailleurs du secteur, incluant l’accès aux soins de santé, à la retraite et aux allocations familiales.
. Renforcer les mécanismes de solidarité interne au syndicat pour soutenir les membres en difficultés.
3- Lutte contre les discriminations et la promotion de l’égalité :
. Combattre toutes les formes de discrimination à l’embauche, dans l’évolution de carrière et en matière de rémunération, notamment celles basées sur le genre, l’âge ou le handicap.
. Plaider pour une réelle égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le secteur des industries alimentaires, y compris l’accès aux postes de responsabilité.
III/ orientations spécifiques thématiques : les Industries Alimentaires face aux défis de l’innovation technologique
Le congrès, conscient des profondes mutations induites par l’innovation technologique, s’engage à :
1- Anticiper et gérer l’impact sur l’emploi :
. Demander l’inclusion de clauses sur la gestion de l’introduction des nouvelles technologies dans les conventions collectives, incluant des garanties d’emploi ou des mesures d’accompagnement en cas de suppression de postes.
. Exiger des employeurs la mise en place de plans de reconversion professionnelle et de mobilité interne pour les travailleurs dont les emplois seraient menacés par l’automatisation.
. Plaider pour la création d’un fonds de transition juste alimenté par les entreprises et l’état, destiné à accompagner les travailleurs impactés par la transformation technologique.
2- Développer les compétences et la formation professionnelle :
. Revendiquer l’accès généralisé à la formation continue et qualifiante pour tous les travailleurs, afin de les préparer aux nouveaux métiers et aux nouvelles compétences exigées par l’innovation technologique (maintenance des machines automatisées, maîtrise des logiciels, analyse de données etc.)
. Exiger des entreprises l’élaboration de plans de formation annuels en concertation avec les représentant des travailleurs, intégrant les besoins liés aux évolutions technologiques.
. Promouvoir la reconnaissance des acquis de l’expérience et des certifications pour valoriser les compétences des travailleurs.
3- Assurer la santé et la sécurité au travail dans les environnements technologiques :
. Exiger des études d’impact sur la santé et la sécurité avant l’introduction de nouvelles technologies, en identifiant et prévenant les risques psychosociaux (stress lié à la surveillance, à la cadence accrue) et les nouveaux risques physiques (interaction avec les robots, exposition à de nouvelles machines).
. Plaider pour l’adaptation des normes de sécurité et la formation des travailleurs à l’utilisation sécurisée des nouveaux équipements.
4- Promouvoir un dialogue social renforcé :
. Exiger des employeurs l’obligation de consulter les représentants syndicaux en amont de toute décision majeure d’investissement technologique, afin d’anticiper et de négocier les modalités d’implémentation et leurs conséquences sur les travailleurs.
. Mettre en place des comités paritaires ou des groupes de travail dédiés à ‘innovation technologique au sein des entreprises et du secteur, pour suivre et orienter ces évolutions.
5- Saisir les opportunités pour les travailleurs :
. Négocier des salaires et des classifications professionnelles qui reflètent les nouvelles compétences et les responsabilités accrues liées à l’utilisation des technologies avancées.
. Encourager l’utilisation de la technologie pour améliorer les conditions de travail (réduction des tâches pénibles, amélioration de l’ergonomie des postes).
IV/ Renforcement de la communication et de la mobilisation
Le congrès s’engage à :
1- Développer des outils et stratégies de communication efficaces pour mieux informer les membres et le public sur les actions et les revendications du STIA.
2- Renforcer la capacité de mobilisation des travailleurs par des campagnes de sensibilisation et des actions coordonnées.
V/ Développement institutionnel du STIA
Le congrès s’engage à :
1- Œuvrer pour une plus grande autonomie financière par la systématisation du paiement des cotisations.
2- Mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation des actions syndicales.
3- Renforcer les partenariats avec les organisations syndicales nationales et internationales pour échanger les expériences et renforcer le plaidoyer.
VI/ Mandat du bureau exécutif national
Le congrès donne mandat au nouveau bureau exécutif national d’œuvrer à la mise en œuvre de la présente résolution, en élaborant un plan d’action détaillé et en rendant compte régulièrement de ses progrès aux membres du syndicat.
Fait à Dakar, maison des travailleurs Keur Madia, le 12 juillet 2025